Justice

Passe d'armes entre un enquêteur et les avocats devant la cour d'assises de l'Yonne

Passe d'armes entre un enquêteur et les avocats devant la cour d'assises de l'Yonne
Un homme encourt jusqu'à 20 ans de réclusion criminelle pour vol avec arme. Trois autres sont accusés de recels, ils encourent entre 5 et 10 ans de prison. Photo d'illustration © Olivier CEYRAC
Un enquêteur de la brigade de recherches de la gendarmerie nationale était invité à témoigner devant la cour d'assises de l'Yonne ce mardi 2 juin 2020. Il a enquêté durant des mois sur des faits de vol avec violence. À l'issue de sa déposition, les avocats de la défense ont tenté de déstabiliser le militaire. 

L'homme qui a déposé ce mardi 2 juin après-midi à la barre de la cour d'assises de l'Yonne est un enquêteur chevronné. Entré en gendarmerie en 2004, il est aujourd'hui l'un des militaires affecté à la brigade de recherches de la gendarmerie nationale à Auxerre. 

Ce gendarme doit expliquer à la cour les conclusions de son enquête. Une enquête débutée le 28 juin 2015, lorsqu'à 3 h 20 du matin, un couple domicilié à Laduz appelle la gendarmerie. Ils rentraient du travail et venaient de se faire braquer la recette de la soirée, estimée à près de 15.000 euros.

Quatre hommes renvoyés devant la cour d'assises de l'Yonne pour vol à main armée, vol avec violence et recel de vol

C'est ce gendarme qui, en lien avec le magistrat instructeur, a mené les investigations. L'homme connaît son dossier sur le bout des doigts. Lorsqu'il arrive à la barre, il n'a aucune note. Mais, des personnes mises en causes, il sait tout. Les noms. Leurs prénoms. Leurs âges. Les liens d'amitié entre chacun. Mais surtout, tous leurs numéros de téléphones. Le militaire est même capable de dire à tel jour, à telle heure (et à la minute près), tel numéro a écrit un message à tel autre. Cette précision est d'autant plus nécessaire que c'est sur la présence de certains numéros de téléphone, bornant à proximité des lieux de l'agression, que repose une partie du dossier.

Les hypothèses ne constituent pas des preuves

Interrogé par l'une des avocates de la défense, le militaire assure, dans un premier temps "lorsque je prête mon téléphone portable, je sais à qui je le prête. Mais surtout je ne l'oublie jamais sur une table et encore moins dans une voiture". En effet, l'un des accusés prétend que son téléphone portable s'est retrouvé sans son consentement sur les lieux de l'agression. Un autre avocat poursuit : "Pouvez-vous affirmer à 100 % que les échanges ont eu lieu, ce soir-là, entre mon client et un des autres accusé ?". Le militaire réfléchit. Mesure ses mots. Puis lâche : "C'est une hypothèse que nous avons. Comme vous êtes en train de démontrer que, sur la même étude téléphonique, plusieurs hypothèses peuvent être émises". 

Dans cette affaire, trois hommes sont accusés de recel. Ils auraient vendu des objets qu'ils savaient volés. L'un des trois encourt jusqu'à 5 ans de prison, les deux autres encourent jusqu'à 10 ans de prison parce que les faits reprochés auraient été commis en récidive légale. Un quatrième a déjà été jugé pour les mêmes faits par le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Enfin un cinquième homme est accusé de vol avec arme. Il encourt jusqu'à 20 ans de réclusion. S'il reconnaît avoir été sur les lieux ce jour-là, il assure qu'il n'y avait pas d'arme. Le verdict sera rendu vendredi 26 juin dans la journée.

Olivier Ceyrac
olivier.ceyrac@centrefrance.com


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